NOTRE QUESTIONNEMENT

Depuis quelques décennies le travail et ses formes d’organisations ont fortement évolués. Le travail est notamment de plus en plus individualisé et précarisé.

La performance et l’atteinte d’objectifs toujours plus inatteignables reposent sur les capacités individuelles des travailleurs qui rognent sur leur santé pour survivre.

Le terme de hiérarchie a disparu du vocabulaire des entreprises mais la pression à la rentabilité maximale non.

Ceux qui placent leur argent en investissement sont bien plus récompensés que ceux qui usent leur vie sur leur outil de travail.

Dans ce contexte de nouvelles souffrances aux travails sont apparues. Elles sont regroupées sous le terme de risques psychosociaux.

De nouvelles formes d’organisation collective du travail permettent de retrouver du sens et de l’épanouissement, car elles donnent aux premiers concernés du pouvoir de décision sur leur outil de travail.

Notre objectif est donc de faire front pour maintenir nos conquis sociaux, mais également de développer des modèles de travail plus épanouissant et libre.

NOTRE RÉFLEXION

A l’heure où contrat de travail, protection des salariés, licenciement, prud’hommes et droit syndical sont progressivement détricotés. Comment continuer à défendre les plus précaires des travailleuses et des travailleurs qui seront toujours et encore plus impacté.e.s par la perte des remparts ?

Tandis que la caissière du Monoprix n’arrive plus à dormir parce que son manager lui passe la main dans le dos dès qu’il peut et qu’il l’a fait descendre un peu plus bas chaque jour, tandis que l’ouvrier de chez Whirlpool attend sa lettre de licenciement avec la boule au ventre, tandis que le cadre dynamique d’une jeune start-up continue de sourire face au lean-managment et aux cadences effrénées qui le brisent à l’intérieur, tandis que les conditions de travail ne cessent de se dégrader, tandis que la souffrance grandit…on compte, on évalue, on observe, on sonde.

Le sondage Gallup relatif à l’engagement des salariés dans leur entreprise révèle que seulement 11% des salarié.e.s seraient « engagé.e.s » dans leur entreprise. Parmi les 89% restants, 61% ne seraient donc « pas engagé.e.s » dans leur entreprise et 28% seraient « activement désengagé.e.s ». ACTIVEMENT DÉSENGAGÉ.E.S…C’est tout de même curieux ces deux termes mis côte à côte, non ?!

Il faudrait aller plus loin M. Gallup et faire un autre grand sondage qui s’attaquerait aux causes et expliquerait cet « actif désengagement », non ?

Parce qu’on a un peu l’impression que ça retombe toujours sur le-la salarié-e toutes ces questions liées au travail. Même le stress, qui est très en vogue en ce moment, on le colle sur le dos du salarié-e. Lorsqu’il est question de Stress au travail, l’organisation va venir proposer aux salarié-e-s d’apprendre à le gérer à coup de Yoga, atelier bien-être, lâcher prise ou encore des week-ends de parapente entre collègues pour ressouder les liens. On appelle ça la « team building » dans la langue (de bois) du « manager ». Comme si le stress dont le-la salarié-e est victime, c’était à lui-elle de le gérer, tout-e seul-e dans son coin. Il semblerait que l’analyse des causes ou que la remise en question de l’organisation ne soit pas le premier réflexe des organisations et pourtant le code du travail (art. L. 4121-1 et 2) précise (toujours) que  l’employeur doit satisfaire à ses « obligations de sécurité de résultat » au regard des « principes généraux de prévention » et lui impose de « Combattre les risques à la source » et de « Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle ».

Les risques à la source…ça parait si évident et pourtant il y encore tant de chemin à faire. Qu’on le veuille ou non, qu’on travaille dans une association, dans la fonction publique ou dans une entreprise, notre organisation est implacablement influencée par un modèle unique qui est imposée à notre société depuis des années. Le bon collaborateur (associatif), le bon agent (fonction publique), le bon salarié (entreprise) doit être dynamique, réactif, disponible, créatif. Il doit savoir s’adapter aux aléas de l’organisation qui elle-même subit des pressions extérieures et qui reproduit inconsciemment ou consciemment des réflexes capitalistes. Dans ce monde-là, on va pointer du doigt le moindre écart de comportement et considérer comme « fragile » ou « faible » celui qui ne marche pas dans le rang comme les autres. Les « autres » justement, parlons-en, petit à petit ils perdent le goût du travail parce qu’ils ne comprennent plus le sens de ce qu’ils font, de ce qu’on leur demande de faire alors ils vont finir par être ACTIVEMENT DESENGAGE.E.S. Et la boucle est bouclée !

Nous sommes convaincus que ça n’est pas normal de ne plus trouver de sens à ce que l’on fait au quotidien, que ça n’est pas normal de tomber malade à cause du travail, que ça n’est pas normal d’avoir peur de demain. Alors, nous devons faire front et lutter contre la pensée dominante qui essaie de normaliser ce qui ne doit jamais l’être.

Parce que ce système là on n’y croit pas et qu’on y a jamais cru, venez on change tout et on recommence depuis le début !

 Ce qui en découle

Analyse de notre propre collectif de travail

Notre propre organisation est le premier terrain d’expérimentation de la Boîte Sans Projet. Si on devait lui coller une étiquette, notre association serait alors qualifiée « d’organisation alternative » ou « d’organisation auto-gérée ». En effet, au sein de la Boîte Sans Projet, il n’y pas de système descendant. Chaque membre associé  est responsable et autonome dans son travail. A la Boîte Sans Projet, on peut parler de nos envies parce qu’ils sont le moteur de chaque individu et parce qu’on estime que notre espace de travail doit aussi être lié à nos rêves, utopies et nos convictions profondes. Bref, nous sommes convaincus qu’il est essentiel de se sentir libre d’agir, de penser et de proposer au sein de son organisation de travail pour s’y sentir bien. Le paradis me direz-vous !

Pourtant, notre association est encore loin d’être exemplaire, notre système d’organisation pose d’autres problèmes, engendre d’autres questions auxquelles nous devons répondre.  Nous sommes également soumis à des contraintes économiques, pour atteindre l’équilibre budgétaire nous faisons des compromis parfois, jamais avec nos valeurs mais quelques fois avec nos désirs.

Nous sommes donc vigilants au fonctionnement de notre organisation et accompagnons dès que possible des réflexions, formations ou événements autour des questions liées au travail, nous avons ainsi pu :

Recherche action et production

Nous avons collaboré à une recherche action qui a duré 2 ans avec le CRAJEP Picardie et la SCOP le pavé et qui a abouti sur une réflexion autour de l’évaluation dans le monde associatif. Le fil de l’évaluation a progressivement émergé suites aux expériences des participants.

L’ensemble de cette démarche, tant sur le processus que sur les travaux de recherche a été transcrite dans un rapport, conçu sous forme d’ « actes », qui peut être lu de manière linéaire ou « à la carte », les trois parties le composant étant autant de contributions mobilisables séparément.

Découvrez le rapport complet
Ou les 3 contributions séparément :
La 1ère partie « A la croisée de l’Education Populaire et de la Sociologie »
La 2ème partie : « L’évaluation dans le monde associatif aujourd’hui »
La 3ème partie : « Contre la managérialisation, une réelle évaluation est-elle possible ? »

Nos moyens de diffusion

Nos formations

  • animer des formations auprès des syndicats Sud éducation et Sud rails, Sud Collectivité, CGT Educ Action :
  • animer des formations autour du pouvoir d’agir des collectifs et réfléchir à sa posture dans un groupe
  • animer des formations sur la santé au travail pour des coordinateurs et directeurs-trices d’associations (DEJEPS, DESJEPS)

Nos évènements

La Boîte sans projet organise des temps forts autour des questions liées au travail afin de permettre à chacun.e de se réapproprier la réflexion et la parole autour de leurs propres conditions de travail. Parce que si on doit parler d’expertise, c’est bien celle-ci qui nous intéresse : l’expertise des travailleuses et des travailleurs, qui doit avoir autant de valeurs que celles des « spécialistes » (ergonomes, psychologues, consultants, IPRP etc…), ci-dessous quelques évènement que nous avons organisé en lien avec le travail :

  • Organiser l’université coopérative « Le travail sans tous ses états »  Ressources de l’université coopérative
  • Conférence gesticulée de Selma Reggui,« L236-9 Coulisses de l’entreprise » .
  • Conférence gesticulée « Inculture 5 – Le travail par Gael TANGUY et Franck LEPAGE
  • Conférence gesticulée sur les conditions de travail dans le monde associatif en partenariat avec Concordia

En 2018, nous organiserons un temps fort autour du travail sous toutes ses formes

NOS RESSOURCES ET INSPIRATIONS

Les lectures

  • « Débrayage en cours … contre la colonisation managériales .  Analyse et résistances. », de Katia TORAI, Alexia MORVAN et Annaig MESNIL aux Editions La Trouvaille.

http://la-trouvaille.org/nos-cahiers-de-resistance-au-management/

  • « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés » de Marie PEZE – Flammarion

https://www.lalibrairie.com/tous-les-livres/ils-ne-mouraient-pas-tous-mais-tous-etaient-frappes–journal-de-la-consultation-souffrance-et-travail-1997-2008-marie-peze-9782081231665.html

  • « Souffrances en France – La banalisation de l’injustice sociale », de Christophe DEJOURS – édition du Seuil

https://www.lalibrairie.com/tous-les-livres/liste.html?dispo=1&orthographe=1&elargie=1&recherche=%C2%AB%C2%A0Souffrances%20en%20France%20%E2%80%93%20La%20banalisation%20de%20l%E2%80%99injustice%20sociale%C2%A0%C2%BBlien :

  • « Emanciper le travail – entretiens avec Patrick Zech, Paris »de Bernard Friot – éditions La dispute

https://www.lalibrairie.com/tous-les-livres/emanciper-le-travail-friot-b-9782843032578.html

  • « Utopies réalistes » de Rutger Bregman – Editions du seuil

https://www.lalibrairie.com/tous-les-livres/utopies-realistes–en-finir-avec-la-pauvrete-un-monde-sans-frontieres-la-semaine-de-travail-de-15-heures-rutger-bregman-9782021361872.html

  • « Le livre noir de l’animation socioculturelle » de Christophe Dejours – Editions l’Harmattan – 2005

 Les podcasts

  • « Le combat des fralib, la démocratie au cœur de l’entreprise », de Diphy MARIANI et Nicolas JOXE – France culture – L’heure du documentaire

https://www.franceculture.fr/emissions/l-heure-du-documentaire/le-combat-des-fralib-la-democratie-au-coeur-de-l-entreprise

«  Les penseurs du travail  – (1/4)  L’extension du concept de travail »

«  Les penseurs du travail  – (2/4) La Loi travail »

«  Les penseurs du travail  – (3/4) Rage against the machine »

«  Les penseurs du travail  – (4/4)  Le sens du travail »

Par Maylis BESSERIE – France culture – Entendez-vous l’éco ?

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/les-penseurs-du-travail-14-lextension-du-concept-de-travail

«  Le salariat n’est pas mort, il bouge encore   – (1/4) La fin du salariat, décryptage d’un mythe ».

«  Le salariat n’est pas mort, il bouge encore  – (2/4) Tous patrons ! »

«  Le salariat n’est pas mort, il bouge encore  – (3/4) Du sens au travail »

«  Le salariat n’est pas mort, il bouge encore  – (4 /4) Ils réinventent le salariat ».

Par Perrine KEVRAN – France culture – LSD

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/le-salariat-nest-pas-mort-il-bouge-encore-14-la-fin-du-salariat

  • « Pour une autre réforme du code du travail », par Cécile FEY et Jonathan DUONG –  La-bas si j’y suis

https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/Pour-une-autre-reforme-du-Code-du-travail

  • « Les ordonnances du docteur Macron », par Gérard MORDILLAT –  La-bas si j’y suis

https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/les-ordonnances-du-docteur-macron

  • « Non, la réforme du code du travail ne réduira pas la chômage ! » par Didier PORTE –  La-bas si j’y suis

https://la-bas.org/chronique-didier-porte

Les films

  • « Merci patron », film documentaire réalisé par François RUFFIN – Mille et une productions, César du meilleur film documentaire – 2017

https://www.universcine.com/films/merci-patron

  • « J’ai très mal au travail », film documentaire de Jean-Michel CARRE – Editions Montparnasse

https://www.universcine.com/films/j-ai-tres-mal-au-travail

  • « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés » film documentaire de Sophie BRUNEAU et Marc-Antoine ROUDIL – Bodega films

http://www.alteregofilms.be/films/9-films/9-ils-ne-mouraient-pas-tous-mais-tous-etaient-frappes

  • « L’usine est à nous », film documentaire réalisé par Nicolas JOXE – Production Mano à mano

https://www.publicsenat.fr/emission/l-usine-est-a-nous-76594

  • « L’entreprise et les femmes », film documentaire d’Isabelle BONNET-MURRAY – Zorn production / France 3 Pas-de-Calais /Pictanovo

http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/44965_1

  • « Harcèlement, le fléau silencieux », film documentaire d’Olivier PIGHETTI – Piments pourpres productions

https://www.youtube.com/watch?v=y3xWDHgzmAY

  • « Le bonheur au travail » film documentaire de Martin MESSONNIER – Arte France/ Production campagne première

http://boutique.arte.tv/f10216-bonheur_travail

Les conférences gesticulées

« L236-9 Coulisses de l’entreprise » par Selma REGGUI

https://www.youtube.com/watch?v=mYA6xxP7zOA

« Inculture 5 – Le travail » par Gael TANGUY et Franck LEPAGE

https://www.youtube.com/watch?v=nhUBR84OrxQ

« Inculture 9 – Le management » par Annaig MESNIL et Alexia MORVAN

https://www.youtube.com/watch?v=46TGq-NddWk